Suffren
Paul Vincent et Adrien Tran deux joyeux trentenaires viennent d’ouvrir leur premier bistrot Suffren. Ils ont tout compris, un accueil juste normal mais tellement surprenant aujourd’hui, avec large sourire et gentillesse désarmante. Le lieu est d’un contemporain intemporel, une schizophrénie architecturale qui rassure et interpelle, on s’y sent bien. La carte, en taille belle époque donne faim, elle titille l’envie en excitant l’hésitation, c’est bon ça. Asperges blanches cuites croquantes nappées d’une émulsion à l’ail des ours, c’est le printemps et nous sommes ravis de le manger. Crudo de mulet noir, crème crue et agrume, on plonge dans une apnée pleine de respiration. Les entrées ont descendu le grand escalier dans une chorégraphie enlevée, vivement la suite. Cordon bleu de céleri - mamamïa, quelle riche idée ! -, saucisse au couteau de la ferme de Mayrinhac, purée crémeuse, jus corsé, c’est du bistrot ça, côte de bœuf Aubrac pour une faim d’adulte à partager, caramélisée et juteuse, on ne sait plus où donner de la fourchette Les garnitures s’invitent au bal, légumes croquants juste beurrés, frites pour la mauvaise conscience, salade à la vinaigrette unique. Puis laissons parler les desserts : baba au rhum maison, tout en tendresse avec sa crème légère comme un nuage sur le Frioul, crème caramel-thym citron, que dire si ce n’est l’envie irrésistible de ne pas la partager. La carte des vins, magnifiquement sourcés comme le reste, est complète avec des prix pour tous. L’énergie dégagée dans ce lieu est dingue, on en ressort comme reboosté, heureux, la panse rassasiée et le porte-monnaie respecté. Une cuisine de cuisinier cuisinée, une salle animée par des passionnés, Suffren signe son entrée chez les grands. Richard Plancton