Un très bon bistrot
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En mixant les bruns, crème, bois et marbre, à peine relevés de quelques toiles et d'appliques façon art-déco, ce bistrot d'angle affiche retenue et une élégance certaine. Bien en phase d'ailleurs avec les assiettes de Pierre-Etienne Leseute, récemment encore second du Petrelle, après un parcours très à saute-adresses (Jourdain, Ledeuil...) et surtout Comice. Le propos est ramassé, équilibré, très actuel (sashimi de mulet noir, échine de porc aux herbes, sauce romanesco et petit épeautre, voire complexe comme ces cannellonis maison à la feuille de figuier, aubergines, ricotta et shiso...) et parfaitement maîtrisé : vitello (du quasi, cuit à basse température) tonnato qui n'oublie pas, à l'italienne, les petites miettes de pain frites ponctuant l'ensemble ; un limpide rectangle de lieu noir de ligne, reposant sur un très court beurre blanc aux moules et coques, cocos de Paimpol de saison ; enfin une coupe glacée maison à la sauge, chocolat, pistaches et noisettes caramélisées, qui glisse comme un souffle. Bien sûr, et comme il est d'usage désormais un peu partout, les prix prennent de l'altitude au dîner avec une offre plus conséquente et des produits un peu plus nobles. Mais déjà, ne serait-ce qu'au menu déjeuner, la maison est convaincante. Gilles Dupuis