Balzar
Restaurant

Balzar

Retrouvailles avec cette brasserie partie prenante du patrimoine parisien, la Sorbonne toute voisine, le boulevard et le Luxembourg jamais très loin. Nous l’avions oubliée après une reprise chaotique et nous la retrouvons bien décidée à défendre un tel capital immatériel. Le cadre heureusement préservé comme la salle toujours aussi joueuse pour le plus grand plaisir d’une clientèle d’habitués donne envie d’y avoir son rond de serviette. La carte maintient la tradition du semainier et, surtout, égrène ces plats hélas souvent disparus des radars bistrotiers : museau de bœuf, céleri rémoulade, pieds de porc panés, choucroute, brandade, blanquette, tête de veau … L’assiette se montre généreuse, respectueuse des bases classiques et le repas s’enchaîne ici avec une verve comme retrouvée. On essaie de suivre la conversation savante de la table voisine, on devine tel people en fond de salle, on refait le film qu’on vient de quitter dans un cinéma d’art et d’essai du quartier ou on laisse tout simplement le temps s’écouler dans cette adresse vite intemporelle 


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Armonia
Restaurant

Armonia

Ouvert avant le confinement, Armonia a réussi à passer la tempête sanitaire pour atteindre aujourd'hui son régime de croisière. Andrea Di Giovanni a quitté l'Atelier de Joël Robuchon avec son second qui officiait seul le jour férié de notre visite. Interrogé sur la composition d'un plat, ce dernier expliquait malicieusement avec un accent italien chantant que l'ingrédient principal de sa cuisine était l'amour. Et de l'amour il y en a, de la superbe vaisselle à l'esthétique des plats sans, pour autant, que la technique ou l'exécution ne passent au second rang. Velouté de châtaignes crémeux, œuf parfait méritant bien son nom, Saint-Jacques avec une cuisson à la seconde près, saumon jouant sur les textures croquantes et fondantes de son accompagnement ou volaille de Bresse mariée à une crème butternut à la finale d'une réelle fraîcheur, le menu ne connaît pas ici de temps mort. D'autant qu'il se termine par un sorbet poire Williams d’une belle pureté avant un dessert au chocolat abouti. Dans ce décor sobre et épuré, la salle se montre attentionnée, aux petits soins pour la clientèle qui, comme nous, retrouve ici les joies du service au restaurant. Seule la sélection de vins en cours de refonte mériterait plus d'ouverture et d'originalité … pour être à la hauteur de la cuisine. Armonia en peu de temps est devenue une adresse qui a sa place dans le quartier déjà bien pourvu du Champ de Mars.

 

 


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Tan Dinh
Restaurant

Tan Dinh

♥︎

Une discrétion absolue qui oblige à passer plusieurs fois devant l’adresse pour remarquer ce Tan Dinh. Depuis plus de cinquante ans (1968), la famille Vivifian, chassée de son Vietnam natal, tient cette institution avec une même constance et fidélité à leurs origines. Freddy en cuisine et Robert en salle perpétuent aujourd’hui le savoir-faire de leur père Léon. La carte n’a quasiment pas changé avec ses incontournables, les raviolis à l’oie fumée, les beignets de crevettes géants, le canard sauvage ou l’émincé de filet de bœuf. La salle a gardé ses mêmes atours, aussi sobre que calme et sereine, respectant à la lettre le chic policé de cette partie de l’arrondissement. Une cuisine subtile, raffinée dans ses assaisonnements, modérant son recours aux épices. L’héritage maison s’incarne aussi dans la carte des vins qui, d’ailleurs, ne révèle qu’une infime partie du patrimoine que recèle la cave. Une sélection unique de pomerols qu’explique volontiers Robert par ce goût du sucre propre à la gastronomie vietnamienne, et surtout des millésimes anciens quasiment introuvables aujourd’hui. Robert, pharmacien de formation, analyse volontiers le potentiel de crus anciens, dix à vingt encore pour cette trilogie de 70 qu’il ouvre devant nous : Château Montrose, Pichon Lalande ou Brane-Cantenac. Pas besoin de hausser le ton chez cet expert d’une courtoisie sans faille, la dégustation corrobore d’emblée son propos. Il y a encore de la jeunesse et, surtout, de la gourmandise dans ces trois médocs. La Bourgogne est tout autant à l’honneur – les Vivifian furent parmi les premiers à avoir des allocations de Coche-Dury à Paris – mais aussi la Vallée-du-Rhône et le Languedoc. À chaque vendange, il continue ses achats et perpétue la réputation familiale. Qu’apprécie à juste titre des dégustateurs venus du monde entier. 


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Mimosa
Restaurant

Mimosa

Le décalage c’est tout un art. Ce Mimosa s’y emploie avec un allant certain. Dans l’aménagement en jouant la rupture entre l’ensemble architectural créé au XVIIIe siècle par Ange-Jacques Gabriel et la décoration intérieure confiée à Dorothée Delahaye dans un esprit Riviera années 70’s. Mais aussi dans la cuisine en installant une carte dédiée à cette même Riviera en plein cœur de Paris et quelle que soit la saison. Le jour de notre passage, le climat parisien n’avait hélas rien de méditerranéen. Les œufs mimosa réussis dans leur version tarama - moins dans celle à base de poutargue – puis le poulpe de roche à la cuisson parfaite car caramélisé en surface et qu’assaisonnait la purée de pois chiches, réchauffaient à l'évidence l’appétit. Comme également les desserts, régressifs et gourmands beignets ou généreuse meringue cuite au four à bois. Et pourtant le plaisir n’était pas total car, reconnaissons-le, ce menu aurait pris une autre dimension sur une terrasse ensoleillée avec, rêvons encore, pour fond sonore le chant des cigales. Il suffit peut-être d’attendre les beaux jours et pouvoir alors prendre place dans la cour de l’Hôtel de la Marine dans des fauteuils aux housses ici d’un bleu tout-à-fait royal… ou azuréen. 


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Bouillon République
Bistrot

Bouillon République

Un bon bistrot

Le Bouillon, on croyait le genre éteint, mais c'est comme le pat'd'ef', la mode fait du neuf avec du vieux. Dans les années 1900, on en comptait 250 dans la capitale, proposant avant tout le basique bœuf+bouillon (parfois patibulaire car recyclé à partir des invendus de restaurants) délivré à tarif modeste pour une population parisienne industrieuse et peu argentée. La roue du temps les a emportés, malgré des tentatives à l'esprit quasi identique (Batifof dans années 90) et Chartier dernier îlot de résistance du genre ; et le bouillon a pris la tasse. Désormais il y a du revival dans l'air, avec Chartier Montparnasse, Julien (qui, ironie de l'époque, revient à sa vocation première, celle d'un bouillon...) et les frères Moussié qui doublent leur mise après le succès de leur Bouillon Pigalle, en reprenant la Brasserie Jenny. Un temple alsacien, qui s'ennuyait ferme depuis quelques années (bousculé aussi par les multiples manifestations <républicaines> de proximité), alors qu'elle ralliait autrefois les aficionados de la choucroute et du plateau de fruits de mer, en particulier le dimanche. On leur pardonnera, presque, d'avoir vendu aux enchères les marqueteries de Spindler et refourgué la pittoresque sculpture d'une alsacienne de pied en cap, car ils n'ont pas trop touché à l'esprit des lieux. Soit 450 couverts, dont de grands salons à l'étage pour les groupes, et une salle s'étirant en longueur, avec banquette de rouge cramoisi, poutres maîtresses, panneaux régionalistes ouvragés et grands miroirs en fond qui doublent l'espace. Comme on ne change pas une formule qui gagne, les deux frérots ont dupliqué à peu près la carte de Pigalle. Du <Comme à maison>, ou presque, puisqu'il est admis qu'les Parisiens n'y cuisinent plus: potage bouillon vermicelles, os à moëlle, poireaux vinaigrette, œuf dur mayo, huîtres à un euro l'unité, choucroute traditionnelle hommage à Jenny, haddock poché à l'anglaise, cuisse de poulet sauce poulette, boeuf bourguignon-lardons-coquillettes, steack au poivre, riz au lait caramel au beurre salé, île flottante... arborent parfums et saveurs gaulliennes. Pas de résa (prenez la queue comme tout le monde), service rapide (faut qu'ça tourne) assuré par un jeune perso affable à la tenue dégenrée (noire, avec gilet, cravetouze et chemise-chemisier blanc), produits corrects, assiettes à l'esthétique parfois discutable, et petites frites maison à peine cramoisies et carrément irrésistibles. Franchement, si vous avez un poil dans la main un dimanche ou autre, ce bouillon s'impose.

 


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Grande Brasserie
Restaurant

Grande Brasserie

♥︎

À peine devine-t-on les travaux entrepris voilà à peine un an. Cette Grande Brasserie a gardé sa patine et surtout sa joie de vivre. Les scènes peintes accrochées au mur, les mosaïques au sol, les banquettes auxquelles font face les tables toutes nappées seraient le cadre idéal pour retrouver Alex alias Yves Montant et Gilbert alias Jacques Villeret dans Garçon de Claude Sautet. Dans les assiettes, les classiques intemporels recréent avec magie l'effervescence des cuisines d'un tel registre, comme l'œuf mayonnaise qui a remporté l'édition 2022 du Championnat du monde de l'œuf mayo. On retrouve tout aussi bien dans la simple salade d'haricots verts, la terrine ou la rémoulade de céleri cet assaisonnement marqué, bien enlevé, vif car parfois aillé ou échaloté qui donne un supplément de vie aux recettes pour la plupart ménagères. Adrien en salle ou Christopher en cuisine ont à peine trente ans et revendiquent ce flash-back culinaire avec un enthousiasme dont le bouche à oreille s'est vite fait l'écho. Depuis belle lurette, le rognon de veau n'était plus travaillé, comme ici, entier, avant d'être saisi puis nourri au beurre pendant une cuisson parfaitement maîtrisée et accompagné d'un gratin aussi généreux que gourmand. Même bonheur quand arrivent le baba réalisé à partir d'une pâte à kouglof ou le parfait glacé si onctueux et parfumé à la Chartreuse Verte. Le dimanche, au déjeuner comme au dîner, les tables savourent cette parenthèse intemporelle, le ton monte vite, les bonnes bouteilles trouvent vite preneur et la vie parisienne reprend le dessus comme une bonne tranche de vie. À savourer sans attendre. 


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Tout-Paris (Le)
Restaurant

Tout-Paris (Le)

Un bon restaurant
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Depuis l'annonce de l'ouverture du Cheval Blanc et de l'arrivée du chef Arnaud Donckele depuis Saint-Tropez, le tout-Paris se languissait de s'y restaurer. Le Tout-Paris, c'est justement le nom de l'un des quatre restaurants du palace. Situé au septième étage du bâtiment, sa vue et sa terrasse font rêver illico. Comme la décoration signée Peter Marino à qui le monde du luxe doit les boutiques Chanel ou Louis Vuitton notamment. Dans une ambiance feutrée au style Art Déco, on peut admirer côté salle tant les œuvres originales signées Capron que les vitrines de la cave à vins alignant, entre autres, les joyaux de la couronne et du « groupe ». Le registre culinaire joue la brasserie bourgeoise avec une carte organisée autour de multiples suggestions. Des classiques (langoustines mayonnaise, gratinée des Halles, rillettes de cuisse et cou de canard...), à partager (blanquette de veau) ou pas, des plats de résistance à composer à la carte (volaille, agneau, filet de bœuf, bar, poulpe ou homard) ou pas, des pâtes ou du végétarien, bref on trouve presque tout dans cette Samaritaine gastronomique. Sans oublier le choix entre quatre styles de cuisson là aussi à choisir (plancha, rôti au thym, à la vapeur d'algue ou grillé), pas moins de six accompagnements (dont un superbe tian de légumes parmesan basilic) et sept sauces différentes (dont un divin sabayon végétal fumé). Et retenons l'essentiel, cette envie de bien faire, mieux de très ou trop bien faire de toute une brigade. Chaque préparation jouit d'une précision remarquable dans sa cuisson ou présentation, voire quasi-chirurgicale.  Ajoutons le service professionnel, courtois et bienveillant, la carte des vins hors normes où l'on peut trouver notamment des trésors au verre comme les vins d'Emmanuel Reynaud (Rayas), et réjouissons-nous de pouvoir partager avec ce Tout-Paris un septième étage qui a tout du septième ciel.  


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Paris 16 (Le)
Bistrot

Paris 16 (Le)

Un bon bistrot

Les frères Dumant délaissent petit à petit le registre italien pour se consacrer au patrimoine culinaire de l'Hexagone. Après avoir vendu leur Pizzeria d'Auteuil, ils ont décidé de transformer leur Paris 16 jusque-là dédiée aux pâtes ou autres spécialités de la Botte, pour désormais mettre à l'honneur les classiques bistrotiers ou bourgeois. Comme dans leur Auberge Bressane, aux Marches ou aux Crus de Bourgogne, la calligraphie de la carte fait un clin d'œil aux années soixante et liste des plats qui ont du "vécu" : sérieux pâté en croûte, salade de champignons de Paris parfaitement assaisonnée, viandes accompagnées d'une béarnaise maison, ris de veau ou profiteroles parmi les meilleures de Paris. L'assiette généreuse et bien traitée colle parfaitement au décor resté dans son jus avec boiseries patinées, banquettes en moleskine et scènes de vie accrochées aux murs. On attend que la cave encore trop limitée s'enrichisse et fasse venir des autres établissements les bouteilles et pépites auxquelles nous ont habitué les deux frères. 

 


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Auberge Nicolas Flamel
Restaurant

Auberge Nicolas Flamel

Un bon restaurant
♥︎

Alan Geaam n'a pas perdu de temps durant le confinement en redonnant une seconde vie à cette auberge parmi les plus anciennes que compte la capitale. Dans cette petite rue vite sombre et triste, l'espace recomposé autour de murs d'un blanc immaculé laisse désormais la place à un mobilier aussi design que confortable. Service et accueil participent tout autant à ce sentiment de bien-être. Carte resserrée autour de deux entrées, plats ou desserts et menu signature en quatre ou cinq temps inscrivent bien le registre dans un propos gastronomique revendiqué. Sans oublier ces attentions du début jusqu'à la fin, amuse-bouches, beurre maison ou mignardises notamment. Grégory Garimbay aime les saisons et les beaux produits jusqu'à vouloir les provoquer dans ses assiettes pour certainement mieux révèler leur potentiel. Maquereau et cassis, turbot et groseilles, ris de veau et rhubarbe, poularde et pousse-pieds, il ose et le revendique. Jusqu'au dessert au chocolat qui est ici travaillé avec des girolles. Si ce dernier laisse perplexe, l'ensemble ne manque surtout pas de panache avec de vraies réussites comme le ris de veau nominé pour le "Lebey de la meilleure viande 2021". Et on se réjouit de la métamorphose de cette adresse historique par un jeune chef qui, dans un contexte difficile, n'a surtout pas renoncé à créer et à offrir du plaisir à des clients qui, lors de notre passage, semblaient heureux d'être là. 


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BMK Paris
Restaurant

BMK Paris

Le lieu est parfait pour une initiation sans risque au yassa, mafé, marinade, jus de citron, oignons, ail, gingembre, piment, lait de coco... Parfait aussi, pour une bouffée nostalgique des cuisines africaines, celle de Dakar ou d’Addis Abeba ou celle de BMK (Bamako), bien sûr. Dans cette salle sagement décorée, la cuisine familiale est tout sauf aseptisée, mais néanmoins repensée selon les standards d’ici : pas de poulet d’importation brésilienne élevé en batterie au soja OGM, mais du Label rouge de Normandie, du bœuf limousin, des légumes frais croquants, sans une once de graisse superflue sur les bananes plantains et les frites de patates douces. En outre, un coup d'œil sur les  engagements concrets, sociaux ou écologiques, attestent de la conscientisation de la cuisine, qui a bel et bien sa place au centre des réflexions politiques. En pratique, la clientèle métissée comme la bande son témoigne d’un juste équilibre notre cher confort et la street food que l’on a pu goûter derrière une bâche bleue face à une gare routière du Sénégal, du bout des doigts, dans une assiette cédée par un convive une minute plus tôt et vite lavée dans une bassine. Le thieb arrive bien bombé sur l’assiette : riz basmati mijoté avec la tomate, les épices douces et un beurre clarifié, coiffé d’une cuisse de volaille marinée et grillée. Le piment maison, facultatif mais recommandé, accompagne ce voyage. Dans l’assiette en face, la sauce cacahuète du mafé en puissante et néanmoins légère, comme la béchamel d’une blanquette de veau façon nouvelle cuisine, à saucer sans complexe. Pas d’alcool, ici, pas même une bière, mais un choix de boissons exotiques —au tamarin, au bissap, au gingembre— à emporter si on le souhaite, avec quelques produits bio importés sans intermédiaire, dans la partie épicerie. Ultime attention et surprenante démonstration de maîtrise : le dessert, qui évite l’overdose glycémique traditionnelle. Associé à une semoule de mil encore ferme, le lait caillé, un soupçon d'orange confite et à peine de noix de coco et de muscade font un thiakry, tout simplement bon, qui vaut le voyage. Une seconde adresse, dans le 11ème arrondissement, propose une carte un peu différente, dans le même gourmand et convivial.


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