Un très bon bistrot
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Entre les outsiders de Top Truc nouvellement installés et ceux qui se prennent pour des génies créatifs (Des noms.... Non!), forts d'un cursus chez les Grands, on préfère les discrets, qui n'ont rien de tâcherons mais qui aiment bien leur boulot. Prenez par exemple ce Meha, posé ici depuis un an et demi, et que le tamis des nouveautés n'a pas retenu, on ne sait pas vraiment pourquoi. Murs clairs, sièges et suspensions façon osier (ou bambous), assiettes aux murs et carrelages lambris, le cadre, qui ne la ramène pas, a le mérite de la luminosité. Au menu déjeuner, cadeau, entre deux entrées-plats-desserts, il y a de la providence dans l'air: macaronis farcis aux épinards en chaud-froid par le contrepoint d'une stracciatella bien crémeuse (ou thon rouge snacké, miso caramélisé et avocat); cabillaud en parallélépipède mariné légèrement au sel afin qu'il retrouve une saveur iodée, sur un pressé d'aubergines escorté d'un nuage émulsionné de fumet de homard (ou entrecôte au millefeuille de pommes de terre, avec un petit luxe de jus de veau, bravo) et gentil dessert estival, salade de fruits frais et sorbet citron. Déjà bien réveillé au déjeuner, le chef, Issam Ayari, y va à fond au dîner, alignant ceviche de dorade et asperges, ravioles de gambas à la bisque de homard, ris de veau croustillant, céleri rôti et artichaut, tout en laissant s'exprimer une verve végétale, faite aussi de petits pois, fenouil, blette, etc. du meilleur effet. Gilles Dupuis