Enfants du marché (Les)

Dans l'histoire de la gastronomie parisienne, il y aura un avant et un après les Enfants du Marché. À la différence des restaurants bistronomiques, où des cuisiniers formés à l'école des grands chefs régalent avec simplicité, ce stand ouvert aux quatre vents travaille des produits d'exception, servis dans une vaisselle ébréchée à des gourmets heureux de payer aussi cher que dans des maisons mieux installées pour le plaisir de poser une fesse sur des tabourets bancals. Au coude à coude devant un comptoir étroit, des "foodies" s'extasient donc devant une terrine authentiquement excellente, une burrata de compétition accompagnée d'un quart de tomate ancienne et de fraises, ou du fameux poulpe, plat iconique, forcément iconique. Le repas, arrosé de vins nature qui ne sont pas précisément bon marché, rappelle quelques expériences immersives où le spectateur est soumis à des signaux contradictoires. Chacun est ainsi conduit à réfléchir ce que doit être un restaurant. Et à rêver d'un même chef, dont la bienveillance serait aussi incontestable que le talent. Gageons que la générosité, qui a fait le succès de ce marché couvert, finira par influencer aussi le dernier arrivé, nous permettant de chavirer devant nos palourdes à la marinière et succomber face à la puissance combinée du chocolat et des myrtilles.

Terrine de cochon noir - Pimentos del padron - Palourdes à la marinière - Mousse au chocolat, myrtilles.