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Pas besoin de décodeur avec une enseigne pareille pour les aficionados du vin jaune : on est ici les deux pieds dans le Jura. Pour les autres, on signalera que le clavelin est cette bouteille de 62 cl (contenant unique en France) renfermant ce cru issu du cépage savagnin élevé en fûts pendant 6 ans et 3 mois. Pour en causer dans le détail, s'adresser au proprio, Jules Laude, bisontin bon teint, qui a œuvré du tire-bouchon durant trois ans au Dénicheur dans le IIème. Ici, c'est le style troquet des aminches qui prévaut, une pièce cuisine et 16 places (en prime, une p'tiote terrasse) avec chaises bistrot. Au programme des solides, du canaille, œuf dur mayo, harengs pommes à l'huile, croûte valaisane, terrine maison (farce élaborée par un boucher-charcutier du XVIIIème et beaucoup de caractère), tartine comtoise et comté en trois stades de vieillissement (12, 18 et 30 mois). Des tapas à la mode bistrot jurassique, lesquelles requièrent quilles ad hoc, aussi bien issues de chardonnay et savagnin, que de poulsard et de trousseau, voire de pinot noir, une cinquantaine au total, griffés par des adeptes du tout nature, ou presque, Grappe, Buronfosse, Bornard, Octavin, domaine de La Pinte. Parfois, face à ce parti-pris de vin sans intrant, ça bloque un peu, le patron trouvant normal qu'il y ait encore du gaz résiduel dans ses bouteilles (mais pas nous), convenant cependant que d'autres flacons ne sont pas au meilleur de leur forme (instabilité récurrente des vins sans soufre ajouté). Tenant compte des tarifs élevés de ces vins du Jura, lesquels sont très marqués par l'inflation des prix à la propriété (rien à moins de 50 euros), notre hôte a la bonne idée de proposer des crus d'ailleurs plus accessibles, roussillon de Bruno Duchêne, bojo blanc de Jambon et lirac de Le Bars. De quoi prouver qu'en dehors du Jura, il existe aussi des planches de salut... Gilles Dupuis