Un très bon bistrot
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Sans forfanterie et sans forfaiture, Rosemarie s'annonce « Bistrot Gourmand ». Il en a l'air, zinc Nectoux, assises et banquettes bordeaux, grand miroir, mais aussi la chanson, un registre savoureux-généreux. Le chef, Philippe Cadeau, en doublon avec son épouse Nina en salle, selon le schéma traditionnel parigot, un patron-une patronne, chacun chez soi, n'entend pas révolutionner la cuisine. Mais en habile artisan, élevé au bon grain de Christian Constant qui fit les beaux jours gourmands de la rue Saint-Dominique après avoir redonné du lustre au Crillon, il sait entretenir la flamme d'une certaine tradition, sans esbrouffe, telle qu'il l'avait pratiquée chez le dit-Constant aux Cocottes. Soit du sage et du précis, comme la terrine de campagne maison de Marie, la salade César, le suprême de volaille risotto au parmesan, voire le céleri rémoulade, le mignon de porc au gratin de coquillettes et les crêpes Suzette du menu déjeuner. De vraies madeleines, à l'instar de ces académiques œufs durs mayonnaise maison, de ce croustillant pavé d'épaule d'agneau confite (mijotée longuement et effilochée, mais surtout pas à la modeuse cuisson sous-vide) reposant sur des légumes à la niçoise façon ratatouille, et d'une tarte au chocolat sublissime, qui, si nos souvenirs sont bons, était identique à celle proposée au Crillon... Gilles Dupuis