Un très bon bistrot
Trois trentenaires, Thibault, Marc et Maxime décident après un tour de France et la fin du COVID d'ouvrir un restaurant. Les deux premiers réussissaient jusque-là dans le monde de l'entreprise et le dernier, après des études à l'école hôtelière de Lausanne, cherchait à s'établir à son compte. Il manquait le chef et donc le quatrième trentenaire. Matthieu Charriaud, ancien financier installé à New-York, avait lui déjà fait le grand saut jusqu'à devenir second de Jocelyn Herland au Meurice. Il a vite rejoint le trio pour ouvrir Bonhomme et ses deux étages auxquels ils ont rendu tout le charme. Tables plus intimistes ou au contraire en vis-à-vis de la cuisine, l'adresse joue le lieu de vie, évoluant en fonction des envies ou des nécessités de chacun. Et, ce, dès le petit-déjeuner. Au déjeuner, la formule et le menu changent chaque jour quand la carte du soir se montre plus ambitieuse. Les bases restent classiques avec un réel sérieux apporté dans la cuisson comme dans l'assaisonnement. L'assiette arrive à chaque fois colorée, vive et relevée : remarquable mayonnaise de câpres et d'estragon pour apprécier le rosbif servi en entrée ou travail méticuleux pour donner à l'aubergine cette touche orientale valorisant si bien l'agneau. Une maturité dans le choix des accords, une rigueur de la composition jusqu'au dressage de l'assiette, la jeune équipe impressionne par un professionnalisme vite acquis. L'approvisionnement se fait dès que possible auprès de producteurs ou d'éleveurs d'Ile de France via notamment la collaboration initiée avec Champs Libres. La carte des vins réjouit tout autant : le temps nécessaire a été pris pour visiter et rencontrer la plupart des vignerons avec, à la clé, des coefficients raisonnables. C'est beau, c'est bon d'avoir trente ans !