Un très bon bistrot
Le préchi-précha humaniste n'est pas toujours garant de bienveillance comme le choix des produits responsables ne fait pas d'emblée les meilleurs repas. Ici, tout s'aligne, au point que l'enthousiasme des convives empêche presque de s'entendre. Comme leur nom l'indique, sur la courte carte qui change presque chaque jour, chaque ingrédient est ici à sa place. On apprendra ainsi, en sentant le goût de la flamme à la surface du poisson, ce que signifie "bonite torchée". Sarrasin, câpres, criste-marine, chèvre sec : ces petits plus ne sont pas là par hasard. A chaque étape, le chef joue sérieusement son rôle d'intermédiaire entre la nature généreuse, en amont, et les gloutons en salle, qui le sont tout autant. Les assiettes en céramique choisies, dressées selon les canons d'instagram, ne laissent pas sur sa faim, d'autant qu'un jus, une sauce, une crème invitent à nettoyer le fond avec le bon pain ou le bout du petit doigt. Côté cave, pas de caricature non plus : du nature, mais du sérieux et des conseils avisés. L'addition peut grimper, le soir, d'une gourmandise à l'autre —telle est la contrepartie d'une maison qui se veut respectueuse du travail des producteurs et, surtout, qui sait donner envie de prendre le temps de ne plus quitter la table.