Un bon restaurant
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Oubliez les ineptes tomates-mozza hivernales ou les tagliatelles à la carbonara à la crème hors sujet. Chez Adami, quitte à consulter un court glossaire de la cuisine italienne, c'est avant tout pour que celle-ci nous botte. Confiée aux pattes d'un duo doué, passé, excusez du peu, par le Royal Monceau et le George V, elle prend d'autant plus de relief qu'elle emprunte les voies de la trattoria refusant le sillon de la gastro. Proposées dans un espace lumineux tout en longueur et de blanc vêtu, avec un superbe comptoir en marbre face à la cuisine en live, les assiettes, certes caressent parfois le végétal dans le sens du poil (petits pois, fraises et guanciale; chou-fleur maraîcher, réglisse et noisettes..), mais reposent sur des bases solides puisque pâtes (spaghettis <à la guitare>, en version française, myrtille, ail et rare gambero rosso di Mazara del Vallo) et gnocchis (de ricotta à la Nerano) sont maison. Ce qui donne des fondations sérieuses pour les caramelle (raviolis rectangulaires) farcis au lapin à la Cacciatora (tomates, olives) dont le résonance en bouche perdure longtemps. Rustique mais imparable, alors que le veau (rosé, cuit à basse température) se pare d'un raffinement indéniable, marié d'une purée d'artichaut et d'une crème d'ail noir. Petit bémol, les portions un peu minces des plats principaux qui gagneraient davantage en générosité en s'affichant avec quelques euros de plus (les additions sont douces). Ou, joker, débuter par une focaccia maison lard de colonnata. Quoique... la qualité des produits et leur indéniable force dans leur combinaison n'ont pas engendré chez nous un sentiment de frustration. Ou précipité dans une boulangerie à l'heure du goûter (cela nous arrive de temps en temps) parce que nous avions l'estomac dans les talons. Gilles Dupuis