Un très bon bistrot
Quelquefois, il nous revient l'envie de se réconforter de madeleines bistrotières, mais pas que... André Le Letty, le patron de ce sage établissement (dominantes colorées bleu et blanc cassé, quelques assiettes bretonnes et de petits papillons aux murs...), se place effectivement et légèrement hors cadre de la tradition canaille qu'il pratique (harengs pommes à l'huile, civet de sanglier...), en tant que baroudeur de maisons de premier ordre, parfois aujourd'hui disparues (Prunier, la Marée, Taillevent, La Tour d'Argent...) dont il a retenu les grandes leçons classiques. A savoir coulis de langoustines pour des Saint-Jacques ou canard au sang en deux services, nantis de suppléments justifiés au menu. Pour autant, même s'il titille de tandoori son paleron de bœuf, il reste d'une stricte orthodoxie quand il trousse une terrine de sanglier, sorte de maître-étalon du genre, ou qu'il souligne de crème et de shitakés son filet de Saint-Pierre à la plancha. On sort de chez lui rasséréné et ravi, en jurant de tenter le drop du menu déjeuner semaine, caillette drômoise, bœuf bourguignon et gâteau au chocolat, pour 22 euros. Gilles Dupuis