Déjà vingt ans d'âge pour ce restaurant africain et qui, curieusement, au contraire de nombre de tables "tropicales" perdant en fiabilité au fil des ans, s'inscrit sur la durée dans une authenticité qualitative. Point de folklore exotique dans le décor, mais une allure d'atelier-loft industriel aux éclairages tamisés, scindé en deux salles, l'une vaste et bruyante, l'autre, face à la cuisine ouverte, beaucoup plus propice aux conversations intimes. Globalement, hors digressions antillaises, c'est l'Afrique du Golfe de Guinée qui est à l'honneur, avec pour pivots, le Sénégal et le Cameroun. Du premier, on pourra se frotter au tiep et au yassa, du second à l'étonnant n'dolé, hachis de feuilles d'arbuste amer travaillées avec des arachides crues, qui risque de vous laisser décontenancé. Le point de jonction entre les deux pays se situant dans le maffe, préparation à base de "cacahouètes" comme le disent les occidentaux. Dommage par contre que l'on ait abandonné l'agneau au couscous de mil, aux arômes fermentaires, qui était à la fois original et très réussi. Quant au piment, dont on voudrait qu'il "brûle" les plats, il figure à part, mais nous vous en conseillons un usage plus que parcimonieux.